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218 HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
Chaque élément du cadre : croissants, arcs, carquois, tète de cerf, têtes de chiens, delta grec, rappelle la divinité païenne à laquelle la tapisserie est- consacrée. On ne saurait rien imaginer de plus riche et de plus ingénieux à la fois que ces admirables bordures, bien françaises d'inspiration et de goût. II est visible que, lors de leur exécution, Philibert Delorme a remplacé les Italiens comme suprême ordonnateur des constructions et des manufactures royales. Cest lui, sans nul doute, qui donne à l'atelier de Fontainebleau l'excellente direction que nous lui voyons suivre dans Ies Arabesques et dans la Tenture de Biane. Voilà, certes, cles œuvres faisant le plus grand honneur à nos artistes et capables de soutenir la comparaison avec les chefs-d'œuvre les plus vantés cles fabriques étrangères.
Nous ne savons trop à quel atelier rattacher les deux modèles de tapisseries reproduits plus loin. Tous deux nous ont été conservés clans un volume de la précieuse collection de Gaignières portant le titre : Armoiries et Devises. 11s représentent un genre de tentures fort commun au moyen âge et à l'époque de la renaissance, nous voulons parler des tapisseries où les armoiries et les devises jouent un rôle capital. La première pièce, à caisses d'orangers, avec un écusson surmonté de la mitre, fut tissée, nous apprend Gaignières, pour François de Noailles, évêque de Dax, mort en 1587. L'autre, où la salamandre forme, avec la fleur de lis et l'F couronnée, un charmant motif de décoration, était incontestablement destinée à François Ier. Ces deux panneaux, connus seulement par les dessins de Gaignières, peuvent difficilement être attribués à cles ateliers étrangers. Quant à nous, nous ne doutons pas de leur origine française. Tout nous confirme dans cette opinion : leur provenance, leur style, leur composition.
Tours. — On a dit que le trésorier de France, Philibert Babou sieur de la Bourdaisière, avait été investi par le roi François Ier de la haute surveillance de l'atelier de Fontainebleau. Ce personnage usait largement, pour le bien de l'art et des artistes, de la situation que lui avait donnée la confiance du souverain. Il exerça notamment une heureuse influence sur la prospérité de la haute lice en France. Non content d'employer son crédit et. son activité à soutenir et à développer l'établissement royal de Fontainebleau, il voulut doter la ville de Tours de l'industrie qui faisait alors la gloire des Pays-Bas.
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